Schéma départemental

Réflexions sur l’art chorégraphique en Drôme.


Nous avons sur notre territoire le dynamisme de la FOL26 qui accompagne depuis 30 ans, des actions de médiation culturelle, promotion, soutien aux artistes de la danse, projets d’éducation artistique en Drôme & Ardèche et le Festival Danse Au Fil d’Avril. Malgré cette initiative louable, la présence de la danse sur le territoire demeure fragile. C’est pourquoi il nous paraît souhaitable de réfléchir tous ensemble à la mise en place de réflexions, lieux, réseaux et d’outils qui permettraient :

– de participer au soutien et à la mise en valeur de la création chorégraphique, notamment dans le cadre d’associations d’artistes ou du dispositif accueil studio, mais aussi en accompagnant la structuration professionnelle du secteur chorégraphique.

– d’organiser la présence de la danse sur le territoire et mettre en œuvre des outils pédagogiques et projets d’action culturelle favorisant le développement de la culture chorégraphique et son appropriation par de larges publics.et le tout dans un esprit d’innovation afin d’être à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux des crises actuelles.

– d’inscrire sur le long terme le développement de la création chorégraphique et sa rencontre avec les publics en milieu rural.

En Ardèche il existe FORMAT, depuis lequel s’élaborent un grand nombre d’actions : accueils en résidences, pratique amateur, créations collectives, temps de rencontre et de médiation, diffusion de spectacles en milieu rural. Ce projet facilite l’accès pour tous à la danse contemporaine et répond déjà à sa manière aux enjeux sociétaux actuels en mettant en place dans les villages un festival de danse contemporaine.

Dans le cadre du nouveau Schéma Départemental, la Haute-Savoie inclut un plan départemental d’aide à la culture pour faire face à la crise sanitaire. Les départements du Var, l’Essonne, Côtes-d’Armor, l’Ain ou la Haute-Garonne (page 4, point 2), avaient souhaité donner dès 2005, une impulsion à l’art chorégraphique lors du premier Schéma Départemental des Enseignements Artistiques. Quand est-il de notre département, de la Biovallée et de la danse dans nos campagnes, nos rivières, nos forêts et nos parcs régionaux ?

Le projet culturel de territoire qui associe le département de la Drôme au département de l’Ardèche dans le cadre d’éducation aux arts et à la culture, pourrait tenir compte des acteurs de la danse contemporaine dans des tables rondes et rencontres, pour que le travail de réflexion nous soit confié aussi en parallèle au collectif de musiques actuelles RPM. Sachez que vous pouvez compter sur la dynamique du réseau local que nous constituons artistes et intellectuels. Nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à choisir la Drôme et la BioVallée car nous sommes conscients de la richesse tant du point de vue géographique qu’en termes d’innovation agriculture, éducative, gouvernance, que du point de vue du développement durable.

L’article de Nicolas Truong dans le monde parle d’ une génération d’intellectuels qui, au croisement de la philosophie et de l’anthropologie, repensent notre rapport au vivant et s’installent dans la Drôme. Définis comme “un véritable « cluster » écopolitique, un écosystème intellectuel” ils/elles sont déjà là près de Saint-Jean-en-Royans ou de Die et ” plaident pour l’élargissement du politique « aux bêtes, aux fleuves, aux landes, aux océans qui peuvent eux aussi porter plainte, se faire entendre, donner leurs idées » comme l’affirme l’écrivaine Marielle Macé, autrice de Nos cabanes (Verdier, 2019), avec « ce sentiment que nous vivons dans un âge où toutes les entités qui peuplent le monde réclament attention et patience ». La crise écologique est « une crise de la sensibilité », assure Baptiste Morizot, c’est-à-dire un appauvrissement, voire « une extinction de l’expérience de la nature ». Du coup le tournant éco-politique de la pensée contemporaine repose sur une conversion de l’attention et rien de mieux que de ramener la question de l’art au cœur de la BioVallée et particulièrement la danse en milieu rural.

Le souci permanent d’accompagner l’évolution de la danse dans le département, est aussi celui des acteurs de la danse qui ont fait le choix de venir s’investir sur le territoire et qui tant bien que mal avancent, à petits pas afin de s’adapter aux nouveaux usages et nouveaux enjeux:
Sylvie Giron, Pascale Gille, Lise Casazza, Mandoline Whittlesey,
Audrey Gaisan, Daniell Alnuma, Emilie Hache, Ely Fondacci, Alice Godfroy, Catherine Contour, Cécile Delabroy, Adrien M & Claire B, Julie Perrin, Melusine de Maillé, Valérie Secher, Claire Rivera, Morane Saulnier, Raphaelle Wisznia, Cécile Raymond, Amandine Chancel, Pauline Boulat, Jerome d’Orso, Lionel Frédoc, Abou Lagraaa, Sébastien Cormier, Olé Khamchala, Benjamin Aliot, Alain Michard, Gilles Delmas, Baptiste Morizot, Jordi Gali, Nora Comandeur, Hugo Frison Guislain Lenoble …,

Profitant de la venue à la comédie de Valence/comédie itinérante de Mathilde Monnier, figure de proie et mentor de plusieurs générations, nous avions vu une opportunité de bâtir ensemble les bases d’un espace consacré à la culture chorégraphique en milieu rural, travaillant à partir des spécificités géographiques, culturelles, paysagères et patrimoniaux qui s’inscrivent pleinement dans ce territoire de la BioVallée. Il est également important de répondre aux enjeux cruciaux actuels des mouvements de population urbaine en zone rurale, de la crise sanitaire et des enjeux écologiques et sociaux. La danse contemporaine est à la hauteur de ces enjeux et porte sa part d’initiative comme le démontre l’article de Joanne Clavel dans L’ADC NO77
Nous sommes un département bel et bien engagé dans la transition écologique, et la Danse veut être un acteur bien plus actif dans cette transition.

La BioVallée et la Drôme pourraient accueillir le premier Centre Chorégraphique en Milieu Rural. Un Centre qui s’engage dans une danse contemporaine comme pratique d’invention de soi et d’invention du monde, comme outil d’émancipation face aux biopolitiques qui détruisent la multiplicité du vivant, comme partage du sensible et de l’intelligence du vivant. Une danse aux tentatives esthétiques qui cherchent à s’articuler aux éthiques environnementales et qui produit de façon durable et responsable. La danse valorise les techniques de savoir corporel, elle investit le geste, l’approche locale, la diversité de point de vue et révèle la préciosité d’un environnement comme celle d’un paysage, d’une rivière, d’un parc. Elle est un moyen par lequel la Biovallée peut penser la transition écologique et sociale de manière transversale tout en restant ce projet pionnier de gouvernance et de développement durable. En initiant la mise en place d’un Centre Chorégraphique en Milieu Ruralla Biovallée devient pionnière en termes de politique culturelle et s’inscrit dans ce déjà très bel héritage d’innovation. Elles accompagnent déjà les acteurs en demandes ou à défaut les intégrer dans leur politique publique, en les laissant grandir en leur apportant leur aide et leur bienveillance.

Dans l’espoir d’une collaboration durable et dansante entre nous,
* le Schéma départemental sert de cadre et de plan d’actions structurant l’offre d’enseignement artistique spécialisé (musique, danse, théâtre). Il fixe des objectifs en matière de qualité et d’accessibilité de l’offre dispensée par les établissements d’enseignement artistique publics ou associatifs. ** Le Département de l’Isère s’était engagé dans le développement des enseignements artistiques bien avant la loi du 13 août 2004 (confiant aux Départements cette compétence culturelle) Son objectif d’ouvrir la pratique artistique au plus grand nombre grâce à une extension du schéma : – à l’éducation artistique et culturelle en 2014, structurée autour du: faire, ressentir et réfléchir, visant à garantir à tous les jeunes un accès à la culture, aux œuvres et aux expériences sensibles ; – aux pratiques en amateur en 2020, et notamment aux ensembles, groupes autonomes qui proposent une activité artistique ou culturelle exercée en dehors de tout cursus diplômant.*** Texte de l’invité de la BioVallée : Sacha Bourgeois-Gironde Department of Economics – Université Paris 2 /Department of Cognitive Sciences – Institut Jean-Nicod – Ecole Normale Supérieure”La nature, et avant tout les fleuves et les rivières – la Whanganui, la Yamuna, la Magpie, l’Atrato, …. ” ont acquis des droits moraux, sont devenu-e-s des personnes dans la loi. Ce que cela signifie ce n’est pas seulement que les humains se rapprochent de la nature, mais qu’aussi la nature se rapproche du monde des hommes, que ces derniers tenaient à distance. En Nouvelle-Zélande, par exemple, deux gardiens donnent leur voix pour la rivière Whanganui: ils doivent parler pour elle, mais surtout tenter de parler comme elle, comme elle pourrait parler si elle le pouvait. Ce que nous proposons est de donner corps à la Drôme, de prolonger son mouvement naturel dans ce qu’elle danserait si elle prenait corps de femmes et d’hommes, non pas capter le territoire par la danse, mais que la rivière – qui est un territoire mobile, mobilise les corps; Mathilde Monnier ayant dans ses créations récentes approché au mieux ces possibilités chorégraphiques”.

Le Conservatoire à rayonnement départemental Valence Romans est un outil sensationnel pour l’enseignement de la danse académique de qualité. Le Conservatoire développe des actions et des projets de territoire autour de l’art chorégraphique de grand intérêt depuis l’arrivée notamment de Cécile Delabroy et de Nora Commandeur.

Des initiatives comme l’auditorium virtuel, les collaborations musique et danse ainsi que la plupart des projets novateurs, semblent venir plutôt de l’initiative personnelle des enseignants.

La danse classique au conservatoire Valence Romans reste tout de même en apnée depuis l’arrivée du nouveau directeur en 2014.

L’Éducation artistique et culturelle a été initiée par les mouvements d’Éducation Populaire à la fin des années 1960. Depuis, elle a été largement développée au point de devenir un des sujets prioritaires des politiques culturelles menées par l’État et les collectivités avec, aujourd’hui, l’objectif de toucher 100% des enfants et des jeunes. Ses bénéfices pour les jeunes, tant pour leurs pratiques culturelles que pour leur vie en général, ont fait l’objet d’études et d’enquêtes démontrant à quel point l’éducation artistique est un facteur de formation, d’épanouissement et d’émancipation des futurs citoyens.

Quand elle ne se limite pas à l’accès aux œuvres d’art mais s’attache à favoriser les relations entre les personnes, leurs expressions culturelles et leurs savoirs, l’éducation artistique contribue à prendre en compte et exercer les droits culturels des personnes. (cf. fiche Les droits culturels des personnes).

L’éducation artistique contribue à consolider les liens entre les générations, gomme les disparités et construit la différence entre les personnes de façon positive. Aujourd’hui, l’éducation artistique est considérée comme un parcours tout au long de la vie, de l’enfance à l’âge adulte.

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