Liliana Mascareñas


100 ans du ballet « Les Noces » d’Igor Stravinski & Bronislava Nijinska

Doctorant en danse à la Compagnie Nationale de Danse de Mexique où elle est régulièrement invitée à promouvoir la recherche en danse, Liliana Mascareñas dispose d’une solide expérience professionnelle dans le domaine de la radio et la télévision à la Cámara Nacional de la Industria.

Après avoir abordé ‘Les Cahiers’ de Nijinsky à l’Université Nationale Autonome de Mexique dans un laboratoire de recherche théâtrale portant sur la construction de sens et de forme symbolique du meilleur danseur de l’histoire, elle s’est intéressé très tôt à la recherche menée autour de l’univers des Ballets Russes de Diaghilev, 1909-1929.

Après sa dernière danse publique, Vaslav Nijnski entame la rédaction de ses cahiers dans un ultime élan vital.

Conscient de son imminente disparition, il lance un cri mystique d’amour et de rage.

Les corps, les peaux, les sons résonnent avec le souffle de Nijinski,

convoquent les fantômes de ses danses, et nous plongent dans le tressaillement du génie

face à l’incandescence du mystère de mourir, de créer, d’être en vie.

Beaucoup de recherches sur Diaguilev se mènent en croisant les disciplines au point que cela passe pour l’une de leurs plus fréquentes caractéristiques: La transdisciplinarité – qu’il s’agisse d’une œuvre, d’une tradition de danse, d’un rituel… – en faisant appel à différents types de littératures scientifiques, est une démarche qui est devenue l’un des marqueurs forts de la spécificité des Ballets Russes.

C’est ainsi que Mascareñas célèbre le centenaire du ballet LES NOCES, le prochain samedi 3 juin 2023, rend hommage à Nijinska ou commémore OLGA KHOKHLOVA, la première femme de Pablo Picasso, lors du 50e anniversaire de la disparition du peintre malagueño.

Le célèbre ballet des Ballets russes LE SACRE DU PRINTEMPS que cosignèrent Stravinski pour la musique, Nijinski pour la danse et Nicolas Roerich pour la scénographie, le 29 mai 1913, a fait et fait encore beaucoup d’émules. Si la musique de Stravinski s’entend comme une œuvre majeure pour toute la modernité artistique et a fait l’objet de près de 300 relectures chorégraphiques – celles, parmi d’autres, de Maurice Béjart, Pina Bausch, Martha Graham, Yvonne Rainer, Sasha Walz, Xavier Le Roy, Roméo Castellucci –, la danse de Nijinski, sans notation, sans film ni transmission orale-corporelle depuis le scandale magistral qu’elle provoqua en 1913, est tombée dans l’oubli. 

Ce qui s’exprime dans une danse est une idée ; une idée de la manière dont les sentiments, les émotions, et toutes les autres expériences subjectives vont et viennent – comment ils naissent et grandissent, comment ils se combinent en une synthèse complexe qui donne à notre vie intérieure unité et identité personnelle.

En 1937, la New York University accueille Curt Sachs, ethnomusicologue allemand chassé par le régime nazi, qui va notamment y enseigner l’histoire de la danse. Il est l’auteur d’Histoire de la danse, ouvrage qui peut être considéré comme fondateur de l’histoire de la danse comme discipline académique – bien des traités relevant de l’histoire de la danse sont parus auparavant, mais aucun ne s’inscrivait dans une démarche de recherche universitaire.

De ce fait, ce qui conduit outre-Atlantique au développement de la recherche sur la danse n’est pas tant la question de la valorisation intellectuelle de l’art chorégraphique, que celle de la continuité ou de la prise de distance avec l’histoire de la danse telle qu’initiée par Curt Sachs, qui a fait figure de référence pendant plusieurs décennies.

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